Arrêt cardiaque:

la ventilation artificielle par insufflateur manuel moins sûre et moins pratique que l’intubation trachéale

Dans l’étude CAAM, menée en France et en Belgique et présentée en session de Late Breaking Clinical Trials à l’ESC, la ventilation artificielle par insufflateur manuel ne se révèle pas plus efficace que l’intubation trachéale en cas d’arrêt cardio-respiratoire hors de l’hôpital. Au contraire, certains résultats issus de CAAM montrent que cette méthode est moins sûre et surtout moins pratique. En conséquence, les investigateurs ne recommandent pas cette méthode de ventilation artificielle comme procédure standard en cas d’arrêt cardiaque.

En cas d’arrêt cardio-respiratoire survenant en dehors d’un contexte hospitalier, il faut, d’une part procéder au massage cardiaque et, d’autre part, assurer artificiellement la ventilation. Pour ce faire, il y a des méthodes sans matériel dont la plus connue et usitée est le fameux bouche à bouche et des méthodes avec matériel qui recourent principalement à l’insufflateur manuel ou à l’intubation trachéale. Cette dernière méthode constitue l’option de premier choix pour nombre de médecins urgentistes et de réanimateurs.

Cependant, au cours de ces dernières années, un certain nombre d’études observationnelles ont suggéré que la survie des patients serait moindre lorsque l’intubation était choisie comme méthode de ventilation. D’autres études ont, elles, montré que l’insufflateur manuel était plus sûr et permettait d’éviter la survenue de certaines complications liées à l’intubation. Dubitatifs face à ces constations, des investigateurs français et belges, issus de 20 centres de médecine d’urgence, ont voulu en avoir le coeur net et mis en place l’essai CAAM, une étude prospective, multicentrique et randomisée comparant insufflateur manuel et intubation trachéale (groupe contrôle) auprès de 2.043 patients en arrêt cardiaque hors d’une structure hospitalière avec, pour critère primaire d’évaluation, la survie à 28 jours avec préservation d’un bon fonctionnement cérébral.

Au terme de l’étude, les investigateurs ont observé un taux identique de survie à 28 jours avec maintien d’un fonctionnement cérébral normal dans les deux groupes soit 4,2% pour la ventilation assistée via un insufflateur manuel et 4,3% pour l’intubation trachéale. Cependant, la ventilation par insufflateur manuel apparaît plus compliquée à mener et souffre d’un taux significativement plus élevé d’échecs (6,3% vs 2,5%, p< 0.0001). Enfin, troisième mauvais point pour l’insufflateur manuel, une incidence nettement plus marquée de régurgitations et d’aspirations gastriques (14,9% vs 7,7%, p< 0.0001). En conclusion, la ventilation artificielle via un insufflateur manuel n’est pas plus efficace et surtout elle est moins sûre et plus compliquée que l’intubation trachéale qui devrait, dans ces conditions, demeurer la procédure de choix en cas d’arrêt cardiaque hors de l’hôpital.

Ref: Adnet F. Late Breaking Clinical Trials 3, ESC 2017, Barcelone, 28/08/2017.